Comment gérer les réticences face au numérique en conservatoire et école de musique?
L’intégration des outils numériques au sein des conservatoires et écoles de musique est inscrite dans le Schéma National d’Orientation Pédagogique de 2023 (SNOP 2023). Cependant, en tant que chef·fe d’établissement, vous avez peut-être déjà constaté une certaine réticence au sein de vos équipes pédagogiques concernant le sujet de la transition numérique.
Les enseignants de musique, souvent formés dans des approches traditionnelles, peuvent craindre la technologie, ne pas comprendre sa valeur ajoutée dans la pédagogie, ou simplement se sentir dépassés. Face à cette réalité, comment surmonter les résistances tout en intégrant efficacement le numérique dans votre projet d’établissement ?
Comprendre l’origine des réticences pour mieux agir
Il est tout à fait normal d’observer un éventail de comportements face au changement au sein de vos équipes éducatives. Les études sur les dynamiques du changement montrent qu’en moyenne – et ce quelque soit le type de structure ou l’objet de l’activité – 10% des personnes sont réfractaires au changement, 10% très enthousiastes et les 80% restants se situent dans une sorte de neutralité attentiste.
Avant d’essayer de convaincre les pessimistes ou d’embarquer les indécis, il est crucial d’identifier d’où proviennent ces résistances face au numérique et les raisons sont toujours un peu les mêmes.
Pour certains, la cause est le manque de formation: ils ont peur de ne pas savoir utiliser les outils numériques, d’être ridicules ou simplement inefficaces face à des élèves parfois plus à l’aise avec les technologies qu’eux-mêmes.
Pour d’autres enseignants, c’est le fait d’avoir du mal à se représenter concrètement ce que ces outils leur apporteraient qui entre en jeu. Ils ont toujours enseigné de façon traditionnelle et les bénéfices des logiciels d’exploitation musicale, des applications de notation ou encore des exerciseurs peuvent leur paraître abstraits. Ils n’ont pas d’idées de scénarios pédagogiques auxquels se raccrocher et dans ce cas, il est difficile de se projeter pédagogiquement.
Pour d’autres encore, c’est l’incapacité à manipuler l’informatique en général qui constitue une barrière car ils se trouvent très loin d’être en capacité et d’avoir l’autonomie suffisante avec le matériel informatique pour imaginer l’utiliser dans leur pratique professionnelle. Enfin, la peur d’être remplacé par la machine ou le poids des habitudes profondément ancrées sont des freins psychologiques à ne pas négliger.
Accompagner la transition avec des démarches adaptées
Il est crucial de ne pas brusquer le processus d’intégration du numérique dans l’enseignement musical. Si certains enseignants sont enthousiastes, brûler les étapes pourrait renforcer les réticences des autres. Le mot d’ordre est l’adaptation.
La première étape consiste à proposer des formations adaptées et progressives comme des ateliers de découverte des outils numériques qui permettent aux enseignants de se familiariser avec ces innovations, sans pression. Par exemple, l’application Flat education, très intuitive, pourrait servir d’introduction à la notation musicale numérique. Cet outil est facile à prendre en main, mais offre des fonctionnalités intéressantes sur le plan de la collaboration qui constituent de réelles plus-values dans le contexte éducatif.
Ensuite, il est important de laisser aux enseignants le temps de se représenter l’impact positif de ces outils sur leur pédagogie. Pour cela, il faut leur donner la possibilité d’expérimenter avec leurs élèves, ce qui malheureusement se fait peu dans un contexte où la performance immédiate occupe une place encore trop importante. Définir des expérimentations à l’échelle d’un trimestre peut laisser le temps de mettre en place un scénario pédagogique, déterminer des critères d’évaluation et réaliser les observations nécessaires pour se faire une idée. .
Sur le plan humain, il faut rester à l’écoute: la peur de l’inconnu est naturelle et les résistances se lèvent souvent avec du temps et de la bienveillance.
Ne pas se laisser freiner par les réticences tout en s’appuyant sur des éléments moteurs
Malgré tous vos efforts, il est possible qu’une minorité des enseignants reste réfractaire. Pour autant, cela ne doit pas bloquer le reste de l’équipe. Mobilisez vos efforts sur ceux qui se montrent ouverts au changement, en vous appuyant sur les personnes proactive et celles qui sont neutres mais à l’écoute et en attente d’une impulsion.
Les professeurs proactifs peuvent devenir des ambassadeurs convaincants qui partageront leur enthousiasme avec leurs collègues lorsque ces derniers verront les effets positifs du numérique sur les pratiques pédagogiques.
Garder une énergie positive permettra aux plus réticents de progressivement accepter cette évolution, même si cela prend du temps, et sans les stigmatiser. L’accompagnement ne doit pas être vécu comme une obligation pressante mais comme une opportunité ouverte à chacun, à des rythmes différenciés. Et si certains demeurent réticents, ils finiront par se placer en porte-à-faux eux-mêmes face à l’établissement mais cela relèvera de leur responsabilité, pas la votre.
Osez intégrer le numérique dans vos pratiques pédagogiques!
En tant que chef·fe d’établissement, accompagner un projet d’intégration du numérique au sein d’une école ou d’un conservatoire peut effectivement susciter des inquiétudes. Les résistances sont naturelles, de par la diversité des personnalités et des niveaux de maîtrise des outils technologiques.
Cependant, avec une stratégie d’accompagnement adaptée, ces résistances face au changement prendront moins de place, et vous pourrez insuffler une nouvelle dynamique pédagogique.
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